Heureuse affaire de famille… Quentin Marion jette l’ancre à Saint-Nazaire !

A 34 ans, au terme de 16 années de volley-ball professionnel vécues dans 6 clubs français, Quentin Marion, vient de décider de jeter l’ancre à Saint-Nazaire et de se mettre au service du SNVBA, en famille ! Désormais les licenciés du club vont profiter de toute l’expérience sportive au plus haut niveau du « team Marion ». Son père, Didier, formateur-entraîneur émérite auprès de la FFVB vient de s’implanter pour sa retraite à La Baule et décider de mettre ses compétences au service des jeunes. Sa compagne Hélène Yahiel livre déjà depuis quelques saisons son savoir-faire sportif et d’ex joueuse professionnelle aux équipes féminines du club. Quentin, le valeureux capitaine de notre équipe fanion depuis deux ans a, quant à lui, choisi de stopper sa carrière pro pour entamer sa reconversion dans l’éducation et la formation au sein du SNVBA. Il vit cette opportunité comme un juste retour pour un sport qui lui a tant donné, un club qu’il apprécie et d’une ville dont l’attractivité en terme de qualité de vie ne cesse de le séduire. Retour en quelques questions sur sa tranche de vie !     L.V.

 

Comment êtes-vous devenu volleyeur professionnel ?
Mes deux frères, ma sœur et moi sommes nés dans l’univers du sport. Nos parents étaient professeurs d’éducation physique.Fou amoureux de volley-ball, mon père a créé le club de Jouy-le Moutiers, près de Cergy où nous habitions à proximité de Paris, et en est resté l’entraîneur attitré jusqu’à un passé récent. Bon au foot, un souci de santé m’a fait choisir le volley à 12 ans et trois ans plus tard j’ai intégré un Pôle Espoirs pour conjuguer études et sport de haut niveau. Je suis devenu passeur dans mon club de Conflans dans lequel, grâce à une super génération de copains, l’équipe est devenue Championne de France Juniors, l’occasion pour moi de recevoir le trophée de meilleur passeur et joueur. Ces récompenses porteuses m’ont permis d’envisager une carrière de joueur professionnel, avec comme exemple mon frère Guillaume, et c’est ainsi que je me suis retrouvé pour la saison 2002-2003 dans le club pro de Beauvais.

 

Que trouvez-vous de si excitant dans ce sport ?
Pour moi, c’est le sport le plus collectif de tous les sports. De plus, d’un point de vue esthétique, c’est un beau sport, souvent spectaculaire et techniquement parlant très compliqué. C’est un sport de lecture et d’analyse des comportements de l’adversaire, certes sans contact, mais très tactique en exerçant un vrai travail psychologique sur l’équipe adverse. L’objectif est de la faire déjouer, d’installer le doute dans les têtes, de la pousser à faire des fautes car celle qui en fait le moins l’emporte au final. Au même niveau physique et technique c’est le plus souvent l’impact psychologique qui fait tourner un match en faveur de l’une ou l’autre. C’est pourquoi on assiste parfois à des basculements de match inattendus. C’est tout ça qui m’a plu et j’en suis devenu accro !

 

Etiez-vous destiné, a priori, à devenir passeur ?
Je suis devenu passeur, parce que dès le départ, mon  père m’avait posté là et que j’étais plutôt petit. Le passeur touche presque tous les ballons et sert les autres postes, il analyse la globalité du match, construit tactiquement le jeu en fonction des consignes du coach pour tromper l’adversaire et décide de son orientation pour créer la surprise en permanence  C’est beaucoup de responsabilités mais les passeurs aiment ça. On ne peut pas nier qu’en volley, le passeur et le pointu ont un rôle pivot dans l’efficacité de l’équipe.

 

Vous avez connu beaucoup d’entraîneurs, quel regard portez-vous sur leur mission ?
C’est un job très complexe. L’entraîneur doit gérer la tactique, la gestion des matches, chaque joueur et la vie de groupe. Mais au contact de mon père et de mes nombreux entraîneurs rencontrés au cours de ma carrière, certains protecteurs, d’autres distants ou bien râleurs, il ressort à mon avis que faire bien vivre un groupe est le critère le plus déterminant pour la réussite sportive. L’entraîneur ne doit pas être l’ami et doit exercer son autorité dans une approche hiérarchique. En revanche il doit être très à l’écoute de chacun car chaque joueur est différent avec ses propres spécificités physiques et mentales et ses problèmes à gérer. En résumé je dirais qu’outre être un bon tacticien, il doit être à la fois un chef et un patriarche.

 

Avec des contrats d’un an pour une majorité de joueurs, certains volleyeurs pro font plutôt figure de mercenaires.
C’est la volonté des clubs plus que des joueurs. Il est d’ailleurs de plus en plus difficile de gagner sa vie correctement dans le volley et certains joueurs vivent la galère. Pour ma part j’ai connu cinq clubs professionnels différents en 16 ans de carrière. J’ai fait des allers-retours chez certains : Beauvais et Saint-Nazaire. Personnellement, je n’ai jamais privilégié l’aspect financier pour décider de ma destination. L’espoir et la promesse d’un temps de jeu important dans chaque saison a été mon critère principal de choix. Le projet sportif du club et le côté famille sont aussi deux éléments qui comptent dans la décision des joueurs. Pour ma part, ayant fait carrière dans le Nord et le Sud, la qualité de vie d’une ville m’est apparue importante au fil du temps. Et mon ressenti et ceux de mes proches est que Saint-Nazaire se révèle un compromis intéressant pour l’équilibre familial. C’est un endroit sympa pour faire grandir nos deux enfants avec une population agréable. Tout ce que j’aime.

 

L’opportunité de devenir formateur-éducateur au sein du SNVBA vient de vous être ouverte, content ?
J’avais encore un an de contrat au SNVBA. Le club a ouvert un poste d’éducateur pour renforcer l’encadrement de la partie amateur. Depuis trois ans, titulaire d’un brevet d’Etat, j’entraînais les cadets bénévolement. Je me suis porté candidat et j’ai été retenu pour m’occuper des benjamins, des  cadets, de la N3 F, des stages et des appuis dans deux écoles. Cette opportunité de me reconvertir dans la formation, un domaine que j’adore, couplé à la possibilité de rejoindre des joueurs que je connais très bien et que j’apprécie en N2, m’a conduit à anticiper ma fin de contrat. Ma compagne Hélène Yahiel, étant déjà entraîneur au SNVBA et responsable de la section Sport et Santé du club, mon engagement au service du club me comble dans la mesure où pour mon avenir je ne voyais pas ailleurs qu’au service du volley !

 

Pour vous, le SNVBA est un club à ce point attractif ?
Je peux en témoigner, qu’il s’agisse de l’Elite, la Ligue B ou la Ligue A, tous les clubs de France sont heureux de venir jouer contre nous à Saint-Nazaire, pour sa salle, son ambiance, son public. Ici, c’est une pure terre de volley comme de trop rares autres villes en France. Pour tous les mordus de ce sport, le SNVBA c’est une ambiance particulière avec une implication rare de son équipe de bénévoles dévoués dont je trouve génial qu’elle se renouvelle depuis quelques années, consolidant ainsi son avenir.

 

Quels joueurs vous ont marqué le plus au cours de votre carrière ?
Par sa force de frappe et son mental, ses qualités de service et d’attaque, Roger-Guy Nanga, avec qui j’ai joué à Beauvais est gravé à jamais dans ma mémoire. Jenia Gebrenikoff dont j’ai partagé les débuts prometteurs à 16 ans au poste de libéro lorsque j’étais à Rennes est un phénomène au top mondial par sa capacité à lire le volley avant tout le monde. Mais j’ai aussi beaucoup d’admiration pour Earwin N’Gapeth, pour moi le Zidane du volley inventeur de nouveaux gestes hors normes, en train de révolutionner son sport au point qu’on cherche aujourd’hui à le copier. Et bien sûr Benjamin Toniutti le maître de la passe, si efficace pour faire briller ses attaquants.

 

Une aussi longue carrière ne peut pas exister sans l’addition de quelques bons et moins bons souvenirs, quels sont les vôtres ?
Le titre de champion de France juniors est mon plus beau souvenir, car il ponctuait huit d’années d’apprentissage du volley avec ma bande de copains. Ensuite j’ai passé beaucoup de bons moments en tant que professionnel dont la finale de Coupe de France avec Beauvais en 2012. Ma participation aux Jeux Méditerranéens en Beach avec mon pote Grégoire Capitaine et en équipe de France A’ reste une très belle expérience. A l’inverse j’ai très mal vécu à 26 ans le harcèlement de l’ASLD* suite à deux défauts, pourtant justifiés, de présence pour contrôle de dopage. Pendant deux ans j’ai vécu mon dernier passage à Beauvais comme un condamné en liberté conditionnelle. Mais j’ai fini par gagner la partie !

*ASLD Agence Française de Lutte contre le Dopage

Propos recueillis par Luc Viel