Inventons le point de consolation

Vous, peut-être pas ! Mais moi, 48 h après la défaite de nos Bleus dans le derby contre Rennes, je n’ai toujours pas digéré ma part de Kouign Amann. Celui acheté pour fêter un petit point avec des amis conviés au match pour déguster du volley bien goûtu. Trop sèche la défaite, comme mon gâteau breton que j’ai finalement trouvé quelque peu privé de beurre dans la pâte. Cerveau à plat, neurones enrhumés, plume en accès de sinusite aigüe. Mais comme avec le temps, les pires tourments s’apaisent, me voilà de retour. La tête enfin dans le bon sens sur les épaules ! Le bon sens au sens propre, vous l’allez voir !

En effet, dès le samedi matin du match tous les signes avant-coureurs d’une communion exceptionnelle à vivre à Coubertin étaient au rendez-vous. Devant mon légumier bio du marché de Pornichet, je découvre, tout en couleur,  dessinée sur le cabas d’un senior en quête de bonne santé (comme moi) une formule toute mienne : « La vie est meilleure, de bonne humeur ». Impossible de trouver mieux pour vous mettre le moral en condition à l’approche d’un derby sportif toujours à craindre quant au résultat. Du coup, de retour au bercail pour y puiser quelques forces je tente via Internet de m’informer sur la santé de nos adversaires du soir dont celle de deux redoutables rennais (Hardy-Dessources et Miseikis) confinés momentanément à l’infirmerie. Et là, je tombe sur une longue interview radio de l’entraîneur, supposé celtique, Matijasevic . Presque trop élogieux pour être franchement honnête : « Je ne comprends toujours pas comment le SNVBA a pu en si peu de temps construire une équipe pareille, talentueuse en toutes lignes et avec du banc… ». Fermez le ban. Je sais bien que ce vieux routier de la Ligue A française est réputé pour sa capacité à jouer plus d’un tour à une palanquée d’adversaires derrière ses lunettes à triple foyers. Mais tout de même j’ai perçu un point de sincérité dans ses craintes à l’égard de notre équipe, s’efforçant de convaincre son intervieweur que pour lui : « ce match était à hauts risques et un tournant de la fin de saison… ».

A cela s’ajoute une petite virée sur le site officiel de la LNV, histoire d’y découvrir si on ne raconte pas un petit bobard sur le SNVBA. Et là que vois-je ? Un superbe article sur notre superbe Lionel Coloras suite à son record de points battus au Plessis-Robinson qui n’a échappé à personne. Superbe, car sous le titre « Coloras : l’éclatante revanche », il y décrit un Lionel tel qu’on le connaît : travailleur, humble et chaleureux. A lire assurément. Rien de mieux pour me muscler le moral avant mon entrée dans le chaudron de Coubertin, crainte dans les biceps mais moral au zénith,. Et pour en terminer avec mon dopage moral d’avant-match je tombe sur la pub télé d’une célèbre marque de voiture suédoise (bien en vue à Coubertin…) qui achève : «On ne vit rien vraiment, si on ne vit pas maintenant ! ». Si avec tous ces éléments de langage vous ne gagnez pas le match, alors  c’est que vous n’êtes pas fait pour le bonheur, souffle mon inconscient.

C’est donc tous muscles de mon corps gonflés façon Popeye que je retrouve ma tour de contrôle (je veux dire mon siège VIP attitré) pour vivre une sorte de match du siècle. Et soutenir sans retenue notre jeune équipe. Je précise « jeune » car le vice sportif de quelques adversaires plus anciens (rappelez-vous l’expérimenté Hardy-Dessources bien bavard auprès de l’arbitre et invitant nos petits nettoyeurs de surface à redoubler d’efforts à des moments clés de la rencontre…) a pu faire les petites différences qui, au final, ont fait basculer le résultat. Après que, flairant l’extrême danger, l’inspiré coach Nicola dégaine en fin de match son arme fatale Miseikis, tout de même ! Je ne vous détaille pas la rencontre : un départ diesel de nos maritimes, comme d’habitude, et des sets à suivre de très haute qualité de part et d’autre. Avec au final un score étriqué : 12 points d’écart en quatre sets mais zéro récompense à la marque ! Une bonne tête à toto pour stagner au classement après trois derniers sets empochés par les Rennais sur le fil 27/29 – 23/25 – 23/25 ! Bien entendu, à l’issue du match, tout Coubertin bondé comme une montgolfière, s’est mis debout pour dire merci à l’équipe, à son coach et à son staff. Mais la belle communion s’est révélée insuffisante pour moi. Toute la nuit, agité comme une crêpe bretonne sur son billig, j’ai cogité une solution pour récompenser une équipe de volley quand elle le mérite. Car, les équipiers du capitaine Quentin Marion auraient dû, devant nos amis Rennais, être payés au juste prix. J’ai vécu ce dénouement comme une légère injustice et je ne pense pas à être le seul. Alors pourquoi ne pas suggérer à nos imaginatifs dirigeants de la LNV d’inventer le point de consolation en volley. Le rugby a bien son point de bonus offensif et défensif. Et même le Pokemon go pour vous changer de niveau!En tout cas, il aurait évité que je quitte Coubertin pour ce dernier match de la saison régulière… le cerveau embué !!!  Mais je garde le secret espoir que l’accès aux plays-offs et de nouveaux plaisirs à vivre nous fassent tous bientôt briller les yeux. Et me remettre la tête à l’endroit.

Le 28 février 2017

Luc Viel