Le SNVBA en finale « Tes supporteurs seront là ! »

« On voulait voir Cambrai et on a vu Vanpoulle » (le gymnase local) » ! Pardon mon grand Jacquot mais tes voisins les Blue Eagles n’étaient pas, a priori, des « brêles ». Se qualifier pour le Graal de Ligue B en terre hostile devant le dauphin de Paris nous vaut bien de chanter « on est en finale » au moins pendant deux semaines. Savourons le moment présent à coups de berlingots à défaut de bêtises à se mettre désormais sous la dent.

D’autant plus que le calvaire pour se rendre dans les Hauts de France aussi périlleux à atteindre que le sommet du Mont-Blanc s’est transformé en chemin de croix pour la trentaine de supporteurs adeptes des joutes en live non numériques. Heureusement que le bien nommé autocariste nazairien Transport T, fort de sa devise « Transportez-vous bien », assume pleinement ses missions. Car à peine étions-nous embarqués, le cœur en joie à l’idée de s’offrir un stress sportif victorieux, qu’à hauteur de Savenay, Rémi, un nez sensible parmi nous, détectait une odeur suspecte de fumée… Laquelle se dissipait à l’extérieur en une traînée noirâtre s’échappant du train arrière !

Nous voilà donc stoppés net dans notre marche en avant, débarqués d’urgence en lisière d’un champ de colza plus jaune que les gilets à la mode. Ni une ni deux, à coups de téléphone, notre émérite chauffeur sort un collègue de sa douche pour opérer une substitution expresse de véhicule. Car le temps presse… pour ne pas rater le premier set de nos poulains. La suite, en ce moment de transhumance pascale, n’est que successions de bouchons parisiens bien plus durs à faire péter que notre Vouvray d’après-match. Partie de Coubertin à 9 h, nous passons sous le porche gonflable de la salle Vanpoulle à 19 h 15, soit quelque 10 h après notre top départ et 45 minutes seulement avant le coup d’envoi !

Tout le temps pour moi d’ingurgiter d’une traite « Les gratitudes », la dernière histoire d’Ehpad à vous tuer le moral signée Delphine de Vigan. Heureusement oubliée dès mon entrée dans l’arène nordiste colorée comme jamais (dixit la presse locale). Le temps aussi de révéler un compositeur doué de voyance : Jean-Yves, lequel s’est mis en tête de nous écrire un chant des partisans sur l’air des « Bêtises » de Sabine Paturel : «  Cambrai va rater ses services. Mettre le ballon dans le filet. Et comme si c’était pas suffisant, ils vont commettre des fautes de fil. Fallait pas v’nir jouer ce soir. Ils feront rien que des bêtises, des bêtises, les Cambraisiens ! ». Le tout ponctué sur un ton affirmé : « On gagne ce soir et on s’en va. Rencontrer Paris en finale… ». Eh bien, chanté à tue-tête en cours de route, c’est exactement le résumé du match et de sa prolongation pour nos Bleus. Devant un tel devin, perso, je suis prêt à lui faire lire les lignes de ma main au Jean-Yves !

Vous parler du match n’est qu’une affaire d’émotions partagées. Tous les joueurs, sans exception, ont réalisé « une performance de très haut niveau » (dixit encore la presse locale). C’est peu dire ! Il n’est guère que le second set au cours duquel nos Bleus ont subi la pression adverse à partir du 11/11 pour terminer à 25/19. Mais deux entames de set complètement ratées des locaux (le premier 2/8 et le troisième 8/3) a plongé les Blue Eagles dans une nasse inextricable. Bazin, le capitaine dynamite a été l’ombre de lui-même au service et le central joker médical Gueye ne s’est jamais remis du contre d’une seule main signé Antonin Roulleau au zénith de son art en cette fin de saison. Même pas peur dans ce match tant il fût maîtrisé ! Que du bonheur sportif accumulé, tout au long de la rencontre, transcendé par les quatre derniers points magiques engrangés d’affilée par Lionel Coloras pour sceller la victoire et… la qualification pour la finale.

L’explosion de joie au coup de sifflet final est indescriptible. Elle vous transforme en cabri ou en kangourou, selon votre goût. Moi, je me suis senti en état de lévitation, entre ciel et terre, en tout cas prêt à décoller, le cerveau traversé d’ondes positives pour le présent et pour l’avenir (la finale). Et comme tous mes amis supporteurs d’un soir, je me suis sorti d’une nuit agitée les amygdales gonflées à l’hélium, sans voix, après l’extinction d’un public local liquéfié de tristesse. Car en plus, dans la bataille des soutiens en tribunes, comme l’a si bien résumé Pierre, en une subtile petite phrase : « s’ils ont été bon en réception, nous on a été plus fort en attaque… ». Que nos joueurs en soient sûrs, tous leurs supporteurs seront là pour vivre une récidive, dès ce samedi pour la première manche de la finale… contre Paris Volley.

Le 22 avril 2019

Luc Viel