Trouver vite son chemin de Damas

Dans le noir ébène de mon antique char Volvo (eh oui) de retour vers mon domicile, ma moitié au volant me surprend main sur le cuir chevelu (hélas ne reste plus que le cuir) et victime d’une quinte de soupirs. « T’as mal à la tête, t’as trop mangé… », me lance-t-elle, inquiète sur mon sort d’après-match, toujours aussi extralucide, jusqu’à mon surmoi ! Habitué à botter en touche je l’égare illico : « Non, je ferme les yeux histoire d’y voir clair… ». En vérité je n’étais pas victime d’une tempête sous le crâne mais bel et bien d’un ouragan façon Saint-Quentin venant de balayer, que dis-je, anéantir mes belles illusions d’avant-match. Pourtant, dès le matin, en clôture de l’AG annuelle de notre SNVBA, une belle âme m’avait repéré des paillettes dans les yeux. Autant dire qu’à l’approche de ce match annoncé comme une référence pour la suite de la compétition, l’horizon s’affichait bleu azur et que j’étais prêt à surfer sur la vague dans le sillage de notre équipe fétiche. Etais-ce un mauvais présage ? A mon arrivée sur le parvis de Coubertin, j’ai dû forcer le barrage du quartette de tambours des Red Angels saint-quentinois, la double poignée de supporteurs mal considérés par ma pomme en autant de zoros rouges, au demeurant fort courtois et plutôt humbles avant le match. « On est sûr qu’on gagnera au moins le match des supporteurs… », me lancent-ils. Ce à quoi je réplique : « Vous avez les fanions et tambours, mais nous on a l’équipe et le meilleur public… » ! Deux heures plus tard : pan sur le bec avec invitation à la jouer plus modeste.

 

Que s’est-il passé en cette soirée sportive qui se voulait spectacle ? Je dirais pour ma part qu’il a beaucoup manqué de lubrifiant dans les rouages de l’équipe. Peut-être même tombée d’un coup le carter à sec, comme ma voiture victime d’un dos d’âne à l’approche d’un bouchon lyonnais pendant nos vacances. Elle s’est même grippée à partir du premier set pourtant cueilli sans trop forcer de façon très honorable (25/17). Elle m’a fait penser à un beurre blanc qui tourne. A consommer d’urgence d’ailleurs, vu la supposée pénurie en cours. Bref si alléchant au sortir de la casserole pour se transformer rapidement en boulettes d’huile dans l’assiette. Assurément la bonne sauce a tourné au vinaigre dans tous les sets à suivre au point d’offrir les trois points à nos visiteurs du jour bien heureux de stopper leur spirale de défaites depuis l’ouverture de la saison chez un adversaire. Qui plus est en terre « nazairienne », un endroit réputé pour être un terrain de combat occupé de résistants. Mais force est de constater : de résistance il n’y a point eue. Et la gifle du score (1/3), sans la manière et encore moins l’esprit exige une sérieuse et rapide révision de vie pour nos Bleus, qui, logiquement, affichaient un sérieux vague à l’âme au sortir de ce match raté. Mieux vaut d’ailleurs le subir maintenant plutôt que dans le money-time de l’accès aux playoffs. Pour ma part, sérieusement ébranlé dans mes certitudes j’ai peut-être entendu une partie de la réponse à mes interrogations dans le commentaire du footeux milieux de terrain nantais Thomasson à l’issue de la défaite de son équipe à Dijon : « Peut-être qu’on s’est vu trop beaux… ». Et son entraîneur de poursuivre : « quand on manque de concentration, d’agressivité et d’inspiration au milieu en ne jouant que 30 minutes (notre premier set) toute victoire est improbable… ». Les fins connaisseurs du public nazairien n’avaient pas d’autres mots à l’issue du match (ou plutôt du non match) commis par leur équipe dont ils attendent un sursaut rapide et surtout, que par péchés de certitudes, elle ne coule pas corps et âme dans l’estuaire.

 

Car la vie et la dynamique ne manquent pas dans le club. Et des progressions s’enregistrent dans tous les domaines a-t-on pu constater dans le rapport d’activités du club lors de l’AG annuelle. Capacité saturée en nombre de licenciés, boom des résultats des sections amateurs et jeunes, partenariat privé en plein essor (doublé pour la saison 17/18), renouvellement et rajeunissement du pool de bénévoles et de dirigeants, création d’un club d’entreprises et d’une association de supporteurs… Le tout sur fond de consolidation financière en bonne voie. Toujours dans l’objectif d’une accession en Ligue A. Mais après ce que l’on a pu voir de la qualité de son jeu contre Saint-Quentin, sans doute faudra-t-il que, d’ici là, notre équipe sous l’impulsion lucide de son coach, trouve très vite son chemin de Damas.

Le 29 octobre 2017                                                                                 

Luc Viel