Noms de Bleus

Noms de Bleus ! Non, non… Pas de confusion. C’est pas le juron de mon grand-père à moustaches en difficulté à la charrue au cul de ses bœufs. Le terrain de mon expression est tout autre. Celui de l’équipe de France de volley aux noms bigarrés, laquelle porte fière notre étendard multicolore. Les Toniutti, Ngapeth, Chinenyeze, Grebennikov, Lyneel…. auxquels se joignent nos exotiques locaux bretons Le Roux et Le Goff, sans oublier Patry dont le patronyme à lui seul réveille les moins chauvins. Ils sont la crème des 14 sélectionnés nationaux pour la belle « volleyade » européenne qui nous attend dans l’hexagone en ce mois de septembre*.

Mais voilà, dixit son coach Laurent Tillie, que la « team Yavbou », sur le pont des compétitions internationales subies à un rythme effréné depuis cinq mois, non stop, flirte avec un redouté « burn out » physique et mental. Outre la noble mission d’empocher sa propre Coupe d’Europe, jamais organisée en France depuis 33 ans, l’équipe va devoir enchaîner, après avoir raté sur le fil une première occasion en Pologne, sur une qualification olympique périlleuse au Japon courant janvier. Deux échéances majeures pour le volley français jugées plus difficiles à gravir que l’ascension du mont Fuji.

D‘où l’idée du staff tricolore de venir se ressourcer à Saint-Nazaire pour une plongée dans ce qu’il lui apparaît un océan du « bien-être ». C’est donc, comme désormais l’habitude est prise, au Château des Tourelles que la team France a pris ses quartiers durant 15 jours pour se requinquer les muscles et reconnecter les neurones. Un lieu porte-bonheur avec deux victoires à la clé (2015, champions d’Europe et Ligue Mondiale) tout comme la Soucoupe, enceinte sportive très appréciée de nos Bleus pour se placer sur orbite dans l’espoir de décrocher la lune : CEV et JO. De savoir nos idoles bichonnées aux soins marins maison pour servir la « zénitude » n’a fait qu’amplifier l’assurance d’une remise en forme optimale de joueurs internationaux dont on ne doute pas qu’ils vont désormais donner le meilleur d’eux-mêmes dans les joutes importantes à venir. Il faut se convaincre que l’air de la mer est comme celui de la haute montagne : il gonfle les poumons autant que l’ambition des sportifs de haut niveau.

En attendant, ils nous ont offert dans une Soucoupe bondée de 2500 supporteurs un match officiel de préparation contre la Tchéquie qui, à défaut d’être lumineux, a nourri le suspens (3/2). Commettre un impair devant Madame la ministre des sports venue s’offrir une plongée dans le volley en vue de stimuler les Bleus (une première historique) à la veille de la phase finale de la Coupe d’Europe organisée en France (Montpellier, Nantes, Paris) aurait quelque peu gâché la fête. Car c’est dans ce bonheur sportif que les quelque 150 bénévoles du SNVBA engagés dans la réception de l’équipe nationale et l’organisation de ce match international ont vécu l’événement. Quitte pour les plus fragiles à s’entendre couiner les lombaires à transporter tables, sono ou fûts de bière ! De voir, trois heures avant le match, butiner la ruche intergénérationnelle des bénévoles du SNVBA, chacun dans sa spécialité, de l’électricien multi-taches aux brasseurs amateurs, sans oublier les acteurs du protocole…, dans l’espoir d’un petit butin pour consolider le budget du club, en dit long sur l’adhésion qu’il suscite auprès de ses nombreux aficionados.

Eux aussi ont doublement gagné leur match, encensés en guise d’au-revoir par tout le staff des Bleus pour la qualité de l’organisation, de l’accueil, de l’efficacité sur fond de belle ambiance amicale et de bienveillance. Un lieu « unique » a commenté Laurent Tillie qui a perçu chez les nazairiens : « l’envie de nous accueillir ».

Une belle manière en tout cas, d’ouvrir la saison 2019-2020 du SNVBA. Car cerise sur le Mikasa**, ce match France-Tchéquie a aussi été l’occasion de découvrir les nouveaux visages de « nos Bleus » nazairiens. Marquée par la jeunesse, notre nouvelle équipe formée de jeunes talents à fort potentiel et d’un vorace appétit sportif pourrait bien, m’a glissé à l’oreille un expert indépendant avisé, faire figure d’ogre dans le championnat de Ligue BM ! Quoiqu’il en soit, retenez bien les noms de « Nos grands bleus » : Nevot, Piazzeta, Moreira, Guyomar, Hervoir, Thoral, Frederic, Josserand, Manuohalalo, Svans (23 ans de moyenne) entourés des deux cadres expérimentés : Fred Barais au grand cœur nazairien (29 ans) et le pointu international grec Zoupani (30 ans) engagé avec sa sélection dans la prochaine C.E.V. !

Sur les douces couleurs du tapis flambant neuf de Coubertin ces douze gladiateurs vont une nouvelle fois nous faire rêver d’ascension. Ce « grain de folie », essentiel, affirme Laurent Tillie « pour forcer la réussite ». Le sien se nomme : Jeux Olympiques 2020 à Tokyo ! Et pour nous, pourquoi pas : la Ligue A ?

Le 4 septembre 2019

Luc Viel

*12 au 29 septembre 2019 en direct sur la chaîne 21 L’Équipe

** Marque du ballon officiel de l’EDF.