Talia a trouvé son maître

Quand un tiers de l’effectif lyonnais se réfère aux  « bouchons », pas étonnant que le risque d’être dévoré tout cru soit grand. Le talentueux Jambon (meilleur marqueur actuel de Ligue B) et le livreur de points Piza n’ont pas manqué de nous en découper deux tranches en championnat comme en Coupe de France (3/1 et 0/3) ! Inutile de vous préciser qu’un mal-être inconscient m’a miné l’humeur toute la semaine précédent la venue des danseurs d’Avignon. Je n’ai rien trouvé de mieux pour conjurer tout sort contraire à une indispensable victoire d’aller déposer un grigri sur le pont fabriqué dans le Gard, parce que jouxtant le Vaucluse et … mon domicile ! Et là, pris d’une sorte de transe textuelle je me suis souvenu du titre de l’une des 413 chansons du répertoire de la madone d’Avignon Mireille Mathieu de nature à me stimuler le moral : « Bravo tu as gagné » ! Comment perdre après un tel message en forme de signe du destin ? Mais le virtuel est de nature dangereuse.

A peine un pied dans le gymnase j’apprends que nos deux pointus sont « out » pour la soirée. Condamnés à l’infirmerie. Au volley, c’est comme si le PSG jouait sans… Cavani. A l’inverse, le pointu néo-calédonien d’Avignon, bien présent, vient lui de faire la « Une » du site de la LNV pour son physique de deuxième ligne de rugby et « sa technique » efficace qui en ferait un « attaquant redoutable… ». De fait, je me précipite sur mon « Galaxy Note » (première génération), où j’apprends en effet que le dénommé Naomi Talia est le troisième marqueur de LBM… Mais je n’avais encore rien vu. Car, ayant gagné ma place attitrée d’incorruptible observateur, quand le phénomène m’est apparu en muscles et en os, la chair de poule a gagné tout mon corps. Je me suis dit si ce gars-là ouvre le match par un haka façon All Blacks, moi je quitte les gradins en courant. Car de tout du 15 néo-zélandais il affiche les atouts. Rien qu’à lui découvrir le diamètre des mollets fait peur. Rendez-vous compte les amis ce que dit de lui sur le site LNV dans l’article dédié : « Maoni Talia est un atypique, un singulier, un colosse qui tonne et qui détonne dans le volley professionnel français. Son physique est monumental, son corps semble taillé dans la pierre… ». « Physiquement c’est un animal qui met 20 kg à tout le monde… », (en fait il en pèse 120…) résume même joliment son inusable entraîneur avignonnais José Amet. Effet immédiat sur ma belle assurance, aussi glacial que la température extérieure à l’ouverture du match. Outre le fait que Coubertin se remplisse au compte-gouttes, la chaleur humaine à l’entrée des équipes, presque au-dessous de zéro, se résumait à nos deux chauffeurs de salle et son tambour. Je pense qu’au fond, comme moi, chacun du public attendait la tournure de l’empoignade pour faire monter la température. Et c’est bien ce qui a surgit dès les premiers points : un véritable bras de fer entre les deux équipes. Mais quand après avoir été distancés on a vu nos maritimes s’accrocher au score des visiteurs, comme les berniques scotchées sur les rochers du Croisic, pour une première égalisation à 7/7 puis 13/13 et 23/23, la belle ambiance habituelle de Coubertin s’est progressivement rétablie. Idem pour les deux derniers sets avec chaque fois un minimum d’écart (25/23 – 27/25 – 25/23). Avant l’ovation bien méritée des supporteurs à leur équipe, face à laquelle le surpuissant pointu Talia a trouvé son maître. En effet notre nazairien réceptionneur-attaquant Glenn Tuifua, son océanique et exotique voisin de Wallis et Futuna, certes plus discret dans le volume, a fait au final jeu égal à la marque : 16 points chacun. Une performance à la hauteur des efforts collectifs de notre équipe, boostée aux bons moments par son capitaine Quentin Marion (11 points). Elle semble retrouver son niveau malgré l’addition des pépins physiques de nature à troubler le rendement de l’effectif depuis le début de la compétition.

Encore deux matches à disputer, dont le jeudi 14 décembre contre Narbonne à domicile avant la trêve des confiseurs. D’ici là, aller cueillir Orange dans son oasis serbe serait pris comme un cadeau de Noël par les fidèles supporteurs nazairiens, en attente d’un premier exploit à l’extérieur. D’autant qu’une victoire installerait le SNVBA au cœur du classement, laissant espérer une deuxième partie de saison plus sereine avec les play-offs en perspective.

En attendant, pour moi, si l’on y ajoute les supers résultats de la N2M et la N3F,  le volley au SNVBA a déjà le goût du chocolat à l’Orange que j’attends dans mes souliers sous le sapin !

Le 4 décembre 2017                        

   Luc Viel